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lundi 18 avril 2011

MON INTERVIEW POUR LE MAGAZINE COLOMBIEN SEMANA

Il y a eu certaines modifications mais bon, l'essentiel est là. Merci à Bérénice pour la traduction.

Yehni Djidji, jeune écrivain vit à Abidjan la capitale économique de CI, pays d' Afrique de l'Ouest de plus de 20 millions d´habitants. La ville est aujourd'hui le principale champ de bataille de la guerre entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara pour la présidence.

Dans les rues d'Abidjan les deux groupes s'affrontent au milieu de la population. Les cadavres des soldats morts pourrissent sur les trottoirs, les balles perdues guettent et beaucoup d´habitants sont entrain de fuir la ville.

Dans l'Ouest du pays la croix rouge et l'ONU ont dénoncé un massacre de plus de 800 personnes.

Les élections de 2010, les premières en 10 ans, ont entrainées le pays dans un conflit dont le résultat reste toujours incertain. Laurent Gbagbo au pouvoir depuis 2000, n'a pas voulu reconnaitre la victoire de Alassane Ouattara, qui compte sur la légitimité internationale.
Malgré son indépendance vis à vis de la France depuis 1960, la CI a des relations étroites avec Paris au niveau diplomatique, politique et militaire. Cette semaine les deux milles soldats français présents dans le pays africain ont bombardés plusieurs bases de Laurent Gbagbo.
Derrière la guerre qui laissent plus de 1000 morts, il y a aussi des profondes divisions religieuses, ethniques et économiques. En CI, meilleur producteur de Cacao au monde,cohabitaient en paix jusqu'en 2002 musulmans, chrétiens et animistes. Le groupe de LG est au sud (chrétiens et animistes)pendant que celui de Alassane Outtara est implanté au nord où la majorité de la population est musulmane.

En Côte d'Ivoire vivent 5 grandes ethnies et près de 2 millions d'immigrants de toute l'Afrique de l'Ouest qui sont venus à l'époque de l'essor du cacao.

Le blog de Yehni Djidji (yehnidjidji.blogspot.com – en francais) raconte comment les civils se cachent dans leurs maisons, terrorisés par les balles et les canons, dans l'espoir qu'il y ait un gagnant pour pouvoir reprendre un semblant de vie normale.

Semana.com: Quelle est la situation à Abidjan?

Yehni Djidji: Avant le 4 avril la situation était plus ou moins tranquille. On entendait des tirs et des canons, mais de loin. Jusqu'à ce que les français bombardent la base d'Akuédo, qui est à moins de 2 km de chez moi.
Le mardi après midi j'étais avec mon père sur la terrasse, profitant d'un petit moment d'accalmie.

Soudain deux bruits assourdissants ont été entendus venant du ciel. Très près, et très fort. Avant qu'on ne s'en rende compte c'était l'apocalypse, une pluie de feu est tombée sur les quartiers près de la base militaire d'Akouédo.

Il semble qu'il ont bombardé le dépôt de poudre, et les munitions ont volé partout. Nous nous sommes réfugiés dans le couloir de la maison, entassés comme dans une boite de sardines.

Selon les militaires, personne n'était en sécurité. C'est claire que tout les français avaient été déjà évacués pour que l'armée française puisse bombarder. Ce qui laisse à réfléchir sur l'importance qu'ils donnent à la vie des ivoiriens.

Semana.com: Comment vous vous organisez dans une situation pareille?

Y.D:On sort tôt des maisons pour rechercher de la nourriture et regagner le domicile aussi vite que possible. On achète tout ce qu’on trouve, même si cela n’est pas forcément utile pour le moment, puisque personne ne sait quand tout ceci va prendre fin. Évidemment et malheureusement, les prix ont triplés, voire quadruplés sur les marchés, mais ont fait avec, jusqu’à ce que peut-être les maigres provisions financières dont on dispose se tarissent. Les banques sont toujours fermées. On change aussi les habitudes alimentaires. Repas, deux fois ou une fois par jour, rations revues à la baisse.
Les files devant les rares magasins ouverts sont interminables et certaines denrées sont vendues aux enchères.
On se réfugie dans la prière et dans l’espoir que tout ceci fait partie du plan de Dieu pour notre pays et que la Côte d’ivoire sortira grandit de cette crise.

Semana.com: Comment analysez vous la situation?

Y.D.:Nous en sommes là, à voire agoniser tout un peuple, parce que deux personnes, qui ont été voté par une portion infime de la population ivoirienne veulent s’assoir sur le même fauteuil et que chacun estime que, étant dans son bon droit, il doit tenir bon, quitte à escalader une montagne de morts pour atteindre la plus haute fonction de l’Etat. C'est méchant. Pour l’amour du peuple qui les a votés, ils auraient pu privilégier la voie du dialogue. Mais aujourd'hui on a plus le droit d'être impartiale et d'avoir des propos qui fédérateurs. On a plus le droit de dénoncer ce que le LMP et le RHDP font de mal. Il faut choisir son camp et y demeurer stupidement jusqu'au bout.
C’est frustrant de savoir que nos voix ne porteront jamais assez hauts pour couvrir celles des fanatiques politiques appartenant aux deux bords et qui s’expriment sur toutes les chaînes nationales et internationales.

Semana.com: Qu'est ce qui manquent le plus actuellement aux ivoiriens?

Y.D.:Je dirai la paix, mais l’ivoirien manque de tout et le plus risible c’est qu’on lui dit qu’on le fait souffrir ainsi pour son propre bien.
L’eau potable fait défaut. On ne le dit pas assez, mais l’eau qui coule des robinets n’est plus très potable. Tous les ivoiriens sont terrés chez eux, même ceux qui ont la charge de l’assainissement des eaux.
Nous avons droit à de longues coupures d’électricité. Les provisions pourrissent. Et quand le courant est rétabli, il est instable et abîme les appareils.
Nous manquons d’argent. Le système bancaire est totalement paralysé. Nous manquons de médicaments, de nourriture. L’école est fermée.
En vérité, nous manquons visiblement de considération aux yeux du monde, puisque chacun vient faire ce qu’il veut dans ce pays, en toute impunité. On refuse aux ivoiriens les droits les plus élémentaires qu’on reconnait à l’être humain.

Semana.com: Quelles sont les principales peurs des ivoiriens?

Y.D.:Toutes ces peurs je pense se résume en une seule : la peur de la mort. Qu’on meurt, de faim, faute de médicaments, faute d’argent, faute de véhicules pour assurer la liaison avec l'hôpital, par balles…l’issue est la même. Et face à la mort, il n’y a pas de pro-Gbagbo ou de pro-Alassane. L'attaque française contre la base d'Akouédo l'a bien montré: les obus qui ont volé un peu partout n'ont pas considéré le bord politique avant de faire des dégâts.

Semana.com: A quel point le pays est-il divisé?

Y.D.:Je dirai que c’est une cassure irréparable que cette crise aura créée, à moins d’une intervention divine, mais Dieu est fidèle.
La boîte de pandore a été ouverte par les deux principaux protagonistes. On se demande à quoi auront servi les millions dépensés dans les forums et caravanes de réconciliation qui ont été organisé dans tout le pays. Une chose est sûre, les ivoiriens se regarderont pendant longtemps encore, en chien de faïence. La confiance et l’unité seront sans doute plus difficiles à ramener que la paix.
Les français avec leurs actes sont entrain de creuser les sillons d'une haine contre eux. Les actions de l’ONU également sont matière à polémique.

Semana.com: Quel peut être le résultat de cette crise?

Y.D.: Le résultat est déjà là. Des milliers de mort inutiles, une fracture sociale, ethnique et religieuse. Si rien est fait, les conséquences vont se renforcer.

Semana.com: Quel est le rôle des medias?

Y.D.:Actuellement les journaux imprimés ne publient plus.La RTI et la TCI (chaines de télévision) crédibles ont une vision simpliste de la crise, pendant que dans les deux camps ont été commis des exactions et des abus.

La plupart des journaux papier ont cessé de paraître. La RTI et la TCI ne sont pas des télévisions crédibles, chacune mettant en avant une vision simpliste et manichéiste de la crise, alors que dans les deux camps, des exactions et des abus sont pratiqués.
Beaucoup de partialité également dans les médias internationaux…Il ne s'agit plus ici uniquement de Gbagbo qui refuse de quitter le pouvoir, mais aussi de jusqu'où Alassane Ouattara et la communauté internationale avec la France à sa tête est prête à aller pour installer Ouattara. Et cela n'est pas assez dit.

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